Comment réduire l’attente dans les hôpitaux
On est tous passé par là… Malade, épuisé, coincé à l’urgence d’un hôpital. On fixe l’horloge, on regarde distraitement notre téléphone, et on essaye de se convaincre que la chaise sur laquelle on est perché est d’un confort optimal. L’attente est longue dans les hôpitaux. Beaucoup trop longue. Pas surprenant que plusieurs patients quittent avant même d’avoir vu un médecin!

Un problème de prise en charge à l’échelle de la province
En juillet 2019, le quotidien Le Droit a d’abord rapporté une statistique dérangeante. En 2018 et début 2019, pas moins de 22 099 « départs avant prise en charge » ont été enregistrés dans les urgences du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO). Si on fait le calcul, il s’agit d’un phénomène qui survient en moyenne 60 fois par jour dans les sept hôpitaux du CISSSO seulement.
Et il semble que la situation soit répandue. Le 29 janvier 2020, une publication de l’IEDM a révélé qu’en 2019, près de 380 000 Québécois, soit plus de 1000 patients par jour, sont repartis de l’urgence sans avoir été pris en charge par un médecin. On parle de milliers de patients ayant des cas de niveaux d’urgence variés ayant quitté l’hôpital sans avoir vu un médecin. Quelle situation déplorable!
Selon l’IEDM, ces données inquiétantes, qui proviennent du ministère de la Santé, surviennent après une période des Fêtes difficile dans les hôpitaux du Québec. « Le taux d’occupation de plusieurs salles d’urgence dépassait les 150 % peu après le Nouvel An, certaines ont atteint les 200 % et un hôpital de Montréal a même affiché un taux de 250 % », rapporte l’IEDM.
« Plus d’un patient sur dix qui se présente à l’urgence renonce à être soigné »
Patrick Déry, analyste associé senior à l’IEDM
Qu’en est-il des cliniques médicales?
Partout, et particulièrement en période de campagne électorale, on entend parler de l’importance de « l’accès aux soins de santé ». Mais comment améliorer l’accès aux soins des patients? Surtout quand ils se rendent dans des hôpitaux où le ratio patients-médecins est si disproportionné qu’il est souvent impossible d’assurer une prise en charge dans des délais acceptables?
Depuis 2012, Bonjour-santé consacre ses efforts à améliorer l’accès aux soins de santé dans les cliniques médicales. Ceci comprend des technologies développées par Bonjour-santé et offertes gratuitement aux cliniques pour les appuyer dans la gestion de leurs horaires et salles d’attente. Des services web et téléphoniques permettent aussi aux patients de prendre rendez-vous à distance.
Au fil des années, près de 400 cliniques ont adopté les services de Bonjour-santé, créant un réseau solide couvrant tout le territoire du Québec. Ce partenariat entre la PME et les cliniques a notamment entraîné un immense réduction du temps d’attente dans les cliniques, voir de plus de 4 heures à moins de 45 minutes.
Le cas des patients classés P4-P5 dans les hôpitaux
Consciente des importants débordements dans les urgences des hôpitaux, Bonjour-santé était déterminée à trouver une solution à cette problématique en s’appuyant sur les impressionnants résultats obtenus jusqu’ici dans les cliniques médicales grâce à ses innovations.
La première décision a été de cibler les patients classés P4-P5 au triage (urgences non prioritaires). À noter que présentement, environ 56 % des patients se présentant à l’urgence dans les hôpitaux sont des patients P4-P5, c’est-à-dire ceux qui attendront habituellement le plus longtemps avant de voir un médecin.
Un partenariat pour la réorientation des patients
Un partenariat a été mis sur pied entre Bonjour-santé, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal ainsi que des cliniques médicales afin de procéder à la réorientation des patients P4-P5 des urgences des hôpitaux Maisonneuve-Rosemont et Santa-Cabrini vers des cliniques médicales environnantes. Bien que les cliniques médicales soient aussi bien occupées, il faut noter que des annulations de rendez-vous surviennent fréquemment chaque jour, ce qui entraîne de nombreuses disponibilités. Ajoutons à cette réalité le fait que selon l’IEDM, 55 % des visites à l’urgence ont lieu pour des conditions qui pourraient être traitées en clinique. Il est donc pertinent de vouloir réorienter des patients des urgences vers les cliniques lorsque possible!
Comme le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal comptait déjà 9 cliniques utilisant les services de gestion de rendez-vous de Bonjour-santé, le partenariat était un match parfait. Dès le lancement du projet, Bonjour-santé a mis sur pied une solution technologique accessible au personnel de triage des hôpitaux participants. Les équipes de triage peuvent ainsi proposer à un patient P4-P5 un rendez-vous en clinique lorsqu’elles jugent cette réorientation adéquate. Si le patient accepte, l’équipe de triage se sert alors du système déployé par Bonjour-santé pour consulter les horaires des cliniques participantes et réserver un rendez-vous au nom du patient.
Diminution de 6,4 % et 11,3 % des urgences mineures (P4-P5)
Après le lancement du projet, les hôpitaux Maisonneuve-Rosemont et Santa-Cabrini ont pu réduire de façon significative la proportion de patients P4-P5 en réorientant des milliers d’entre eux vers des cliniques. Après 15 mois, ces établissements affichaient des proportions P4-P5 de 32 % et 37 %, alors que la moyenne des hôpitaux québécois est de 56 %. Toute une réussite, pour laquelle le projet a d’ailleurs été nommé finaliste en 2019 au Prix Solution e-Santé de l’Année au Gala des Prix TI en santé et services sociaux!
Depuis la mise en oeuvre du projet, les centres hospitaliers Anna-Laberge, Du Suroît et Barrie Memorial ont aussi choisi d’y prendre part et redirigent leurs urgences mineures vers des cliniques du territoire. D’autres centres hospitaliers emboîteront aussi le pas sous peu.
Vous imaginez si tous les hôpitaux du Québec choisissaient de réorienter des patients vers des cliniques prêtes à les accueillir? Ces alliances permettrait de combler des milliers de consultations perdues dans les cliniques médicales et aideraient considérablement à désengorger nos urgences!